Rio était la ville favorite. Chicago a été éliminée dès le premier tour. Barack Obama s'est comporté avec la sagesse des vieux éléphants. Quand ils pressentent la mort, les éléphants ont tendance à s'éloigner. Ils préfèrent mourir seuls et épargner les contraintes au troupeau.
Le dernier à arriver, Obama a été le premier à partir. Il est resté dans la capitale danoise seulement cinq heures.
Lula, au contraire, a parcouru la ville pendant deux jours. Pendant la présentation, il a dit : « Parmi les dix plus grandes économies du monde, nous sommes les seuls à ne jamais avoir accueilli les Jeux Olympiques ... Pour d'autres, ce sera juste une Olympiade de plus. Mais pour nous, c'est une occasion unique. »
Après Chicago, c’était le tour de Tokyo d'être renvoyée. Et puis, il en restait Madrid. Le suspense a duré plus d’une heure. Soudain, l'annonce: "Rio de Janeiro." Le score sera révélé plus tard. Rio, 66 voix. Madrid, 32. Goleada !
C’est l’euphorie. Une euphorie compatible à la taille de la responsabilité: US13,92 milliards. C'est le coût de l'enjeu.
Lula a beaucoup ri. Lula a pleuré. Lula a gagné : « Nous ne sommes plus considérés comme une nation de seconde classe ». Ou: « Le monde a reconnu la place du Brésil ». Et il a souligné: « Cette élection n'est pas seulement la nôtre. C'est celle de l’Amérique du Sud ». Mais pas tellement.
Le triomphe de Rio a fait la Une des sites internet des principaux journaux de la planète. Sauf celui du quotidien argentin Clarín, qui a publié une simple note.
Exclu de la course, Buenos Aires soutenait (comme toujours) Madrid. Comme vous le savez, l'Argentine et le Brésil ne sont voisins que par fatalité géographique. Fondamentalement, l’Argentine est le pays européen le plus proche de la frontière brésilienne. Le succès du Brésil fait mal à l’âme argentine.
L’avion du couple Kirshner doit être déjà sur le tarmac, prêt à décoller. Plus tard les Kirshner sonneront à la porte d’un certain appartement du quartier de Higienópolis, à São Paulo. Avec FHC (*), ils écouteront Infamia de Gardel et ils verseront des larmes à la troisième strophe:
“Tu angustia comprendio que era imposible, luchar contra la gente es infernal. Por eso me dejaste sin decirlo... amor!... y fuiste a hundirte al fin en tu destino. Tu vida desde entonces fue un suicidio, voragine de horrores y de alcohol; anoche te mataste ya del todo, y mi emoción te llora en tu descanso.. corazón!”
Par Josias de Souza, chroniqueur du quotidien Folha de S. Paulo
(*) Fernando Henrique Cardoso, ancien Président brésilien
Traduction : Brasilidade