Aline de Castro a vécu au Brésil jusqu’à l’âge de 23 ans. Biologiste et botaniste de formation, chercheuse et enseignante, elle a beaucoup voyagé entre la France et le Brésil. Lors d’un séjour à Brasília, elle rencontre un groupe d’artistes et décide d’entamer une nouvelle carrière. D’après Aline, cet évènement la propulsé dans le monde des arts. « Je peux dire que ce changement a enrichi considérablement ma vie. Dans le monde de l’art, je me sens dans une constante évolution, même si parfois je me demande « Pourquoi ? Pour qui ? ».
CARNET INTIME
Lieu de naissance : Belo Horizonte, Minas Gerais
Peintres préférés : Aleijadinho, Caravaggio, Gauguin, Van Gogh, Matisse, mais aussi Nolde et Kirchner, Portinari et Baselitz, parmi tant d'autres...
Livre préféré : Les romans, la littérature latino américaine, la poésie et découvrir des nouveaux auteurs
Chanteur préféré : J’aime écouter trois chanteuses : Leila Pinheiro, Cassandra Wilson (blues woman de New Orleans) et la mezzo-sorprano Elina Garanča
Film préféré : J’aime le cinéma brésilien actuel - V. Moreira Salles, F. Meirelles - mais je revois avec plaisir Charles Chaplin, les films italiens des années 60, 70 et 80 et Woody Allen
Plats préférés : Frango ao molho pardo acompanhado de angu de fubá (recette de Minas Gerais) et le Boudin aux pommes qu’on prépare dans les Coteaux du Lyonnais
Adresse préférée au Brésil : Café do Daniel Briand à Brasília, Eco-Resort da Praia do Forte à Bahia, Pedacinho do céu à Belo Horizonte
Adresse préférée en France : Visiter Paris est la meilleure façon de se rapprocher de la culture française
Brasilidade : Qu’est-ce que le mot ART signifie pour toi ?
Aline de Castro : Signifie la recherche de la beauté. Je ne parle pas de l’idée subjective de ce qui est beau imposée par le goût social de l’époque. Mais de la recherche de l’essence des choses et de la nature qui nous fait (presque) atteindre la vérité. Et qui nous en éloigne aussi, en nourrissant le désir de recherche dans un processus constant de renouvellement.
Brasilidade : Comment se porte l’ART brésilien et l’ART français en 2009 ?
Aline de Castro : Aujourd’hui la situation est un peu trouble, aussi bien au Brésil qu’en France. Le fruit du travail d’un artiste est soumis à la loi du marché. Nous vivons dans une société de consommation mondialisée qui ne valorise pas la sensibilité créatrice de l’artiste mais seulement l’œuvre d’art en tant que valeur marchande.
Brasilidade : Comment définis-tu ton travail ? Après toutes ces années en France, penses-tu que ta façon de travailler a changé? Que tes gravures se sont « adaptées » à l’environnement ?
Aline de Castro : J’essaie de me rapprocher de la vérité de la beauté, de son essence et de m’investir sincèrement dans cette recherche. Dans les moments de doute, je retrouve le fil conducteur en observant les œuvres des grands maîtres et dans ce sens, le fait d’habiter en France est, sans doute, un grand avantage. Ma façon de travailler n’a pas beaucoup changé. J’ai le sentiment qu’elle a évolué et qu’elle se renouvelle. La réalité qui m’entoure doit certainement m’influencer mais je pense que cela est normal dans le processus créatif d’un artiste.
Brasilidade : Es-tu une artiste « écolo » ? Comment contribues-tu dans le quotidien pour la préservation de la planète ? Es-tu préoccupée par la déforestation en Amazonie ?
Aline de Castro : Je me sens engagée en tant que citoyenne, en choisissant les gestes quotidiens qui auront le moins d’impact sur la nature. Mais je ne crois pas que cette posture soit très efficace. Les petits gestes ne suffisent pas. Il nous faut de grands changements dans la production agricole et industrielle, dans notre façon de consommer. La déforestation de l’Amazonie est la preuve atroce de la boulimie croissante du profit de notre société de consommation. Mais malgré tout, je pense qu’aujourd’hui les gens ont une posture plus responsable que celle de la société jusqu’aux années 80 et que les changements nécessaires finiront par y arriver un jour.
Brasilidade : Si tu pouvais repeindre le monde, comment serai-t-il ?
Aline de Castro : Refaire le monde c’est garantir les droits fondamentaux à tous les êtres humains sur Terre, sans détruire les ressources naturelles pour que les prochaines générations puissent en bénéficier.