En 2009, le nombre de passagers entrant et sortant par voie aérienne en provenance du Brésil a représenté environ 90.000 personnes.
L'année précédente, les chiffres ont révélé un phénomène inverse. Le solde était négatif, indiquant qu'en 2008, environ 28.000 personnes de plus ont rentré dans le pays par rapport à ceux qui sont partis.
« L'année 2008 a été une année spéciale. La crise a atteint fortement le marché de l'emploi, notamment dans les pays vers où la migration avait l’habitude de se diriger. En 2009, le nombre de sorties a augmenté a une vitesse incroyable », estime Hugo Klagsbrunn, chercheur et auteur de l'enquête sur l’exode des Brésiliens.
Le chercheur affirme que les chiffres de son rapport servent de baromètre pour identifier les tendances de la migration des Brésiliens - un mouvement qui n'a pas d’indicateurs officiels.
Désinformation : malgré la crise, l’exode continue de croître
Selon Gill Williams, professeur des relations internationales à l'Université d'État de Rio de Janeiro (UERJ), l'un des facteurs qui peuvent expliquer cette apparente contradiction est le manque d'information des nouveaux immigrants sur la gravité de la crise.
Klagsbrunn suggère encore une autre explication pour le phénomène. Malgré la croissance de l'économie brésilienne, pour beaucoup, essayer de vivre à l'étranger semble encore une meilleure option. Pour lui, la redistribution des revenus, le programme Bolsa Familia et l'augmentation du salaire minimum a profité à la classe inférieure de la population, mais une grande partie de la classe moyenne demeure sans perspective de croissance au Brésil.
« On se demande pourquoi les gens continuent de partir du Brésil si le pays va si bien. Mais, ce n’est pas tout à fait ça. Beaucoup de monde, par exemple, a essayé l’ascension sociale à travers l'université, mais n’ayant pas réussi, ils se sont retrouvés sans aucune perspective au Brésil », explique le chercheur.
Historique de la migration brésilienne
Selon Klagsbrunn, les données de l’ANAC (Aviation brésilienne) indiquent que l’exode des Brésiliens a pris de l’ampleur à partir de 1980. Depuis, la tendance des départs vers l’étranger est restée positive.
Le solde migratoire (*) est devenu négatif à trois moments (1998, 2001-2004 et 2008), toujours associés aux crises internationales. L’inversion la plus drastique s’est produite en 2001, lors des attentats du 11 septembre à New York qui ont freiné le flux migratoire vers les États-Unis.
Devant le renforcement du contrôle des frontières aux États-Unis, l’immigration brésilienne a changé de cible. À partir de 2005, il y a eu une arrivée massive de brésiliens en Europe.
La quête de meilleures opportunités en dehors du Brésil se traduit par un exode qui existe déjà depuis trois décades. Aujourd’hui, le Ministère des Relations extérieures estime le nombre de brésiliens à l’étranger à 3 millions.
Migration brésilienne en chiffres
2000 - 118,6 mille
2001 - -13,2 mille
2002 - -26,5 mille
2003 - -7,7 mille
2004 - -28,9 mille
2005 - 24,8 mille
2006 - 58 mille
2007 - 77 mille
2008 - -28 mille
2009 - 90,7 mille
(*) Le solde migratoire est la différence entre le nombre de passagers qui sort et qui rentre au Brésil chaque année.
Sources : ANAC et BBC